samedi 30 juin 2007

Rouge sens sur sang désirs

Machinalement, j'ai sorti le grand carré de vingt ans d'âge... posé contre le mur blanc et cimenté... j'ai touché du bout de la main sa matière organique... dépoussiéré avec un grand chiffon et enlevé les agrafes avec une pince... déposé les pots de peinture sur le sol, sorti un bac jaune que j'ai rempli d'eau fraîche...appliqué la couche d'apprêt sur sa surface... mélangé un rouge sang que j'ai désiré en accord avec mes sens... écouté une musique avec mes yeux et regardé les ondes mélodiques agitées frénétiquement le pinceau dans le prolongement de mon corps... qui reste lui-même, depuis la dernière fois que je l'ai abandonné... outil effilé et sifflant dans l'air irrespirable de cette pièce fermée et mal éclairée...le châssis se colore de sa couleur d'origine... demain, viendra se greffer une peau zébrée de sillons à mic chemin entre la surface pierreuse et les crevasses du temps sur une vie qui s'achève... mon chiffon porte les traces d'estocades douloureuses.... mon pantalon se tache de mes premières blessures.... et je rends les armes deux heures après minuit... ma tête est lourde, comme abrutie d'une rage sans retenue... mais je suis las... et il me faut dormir.

Une larme coule et disparaît dans le coton d'un drap qui respire l'odeur d'un fauve. Morphée me prend sous ses ailes et me donne le baiser de l'oubli.

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